Greffe dentaires d’Ambroise Paré à la fin du XIXe siècle

Micheline Ruel-Kellermann
Présidente d’honneur de la SFOSPHS
 
Greffe dentaires d’Ambroise Paré à la fin du XIXe siècle.
Éthique, empathie, polémiques
La réimplantation, décrite depuis l’Antiquité, a d’abord été pratiquée à la suite de traumatismes de toutes sortes pour replacer les dents dans leurs alvéoles ; Hippocrate préconisait déjà de replacer et maintenir les dents en les « joignant l’une à l’autre, non seulement à deux, mais encore à plusieurs, jusqu’à la consolidation, avec un fil d’or, de préférence, sinon avec un fil de lin ». Ces réimplantations vont servir aussi à remédier à l’impéritie des opérateurs. Rappelons la précarité de l’installation du patient (la tête fréquemment entre les genoux ou les cuisses de l’opérateur), précarité de l’éclairage et rares bons instruments qui favorisaient les erreurs diagnostiques et des gestes pas toujours très assurés. Des résultats souvent encourageants de ces réimplantations va naître l’idée de transplanter la dent d’une bouche dans une autre pour remplacer la dent qui vient d’être extraite dans celle-ci. Au fil des siècles les attitudes à l’égard de ces opérations vont fortement fluctuer entre adeptes aveugles et prudents détracteurs, entre techniciens cyniques et défenseurs de l’humanité, et finir par s’orienter, avec l’évolution scientifique, vers une limitation des indications. Ces attitudes évoluent selon quatre grandes périodes : 1- l’empirisme des XVIe et XVIIe s., 2- l’audace chirurgicale et technique au XVIIIe s., 3- la désaffection de la première moitié du XIXe s.,  4-  l’expérimentation et la réflexion de la deuxième moitié du XIXe.